Mohéli, la plus petite île de l'Union des Comores, est un joyau préservé, un véritable sanctuaire pour une biodiversité exceptionnelle. Au cœur de cette richesse naturelle se trouvent les majestueuses tortues marines, dont la présence fait de Mohéli un site d'importance mondiale pour la conservation et un lieu privilégié pour l'écotourisme responsable.

Mohéli : Un Sanctuaire pour les Tortues Vertes

Les eaux et les plages de Mohéli accueillent principalement deux espèces de tortues marines qui viennent se reproduire : la tortue verte (Chelonia mydas) et, plus rarement, la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Quelques observations occasionnelles de tortues luth, olivâtre et caouanne peuvent aussi avoir lieu.

L'île de Mohéli est particulièrement réputée pour sa population de tortues vertes. On estime à plus de 5000 femelles le nombre de tortues vertes qui viennent pondre chaque année sur les plages de l'île. Cela place Mohéli, et spécifiquement le site d'Itsamia, parmi les sites de ponte les plus importants au monde pour cette espèce, et l'un des rares sites majeurs situé en zone habitée.

Les pontes ont lieu toute l'année, bien qu'il y ait un pic d'activité. Les immatures de tortues imbriquées sont également fréquemment observées dans les eaux peu profondes des côtes de Mohéli.

Observer le cycle de vie des tortues : Ponte et Éclosion

Assister à la ponte d'une tortue marine sur une plage de Mohéli ou voir les petites émerger du sable pour se lancer dans l'océan est une expérience profondément émouvante et inoubliable.

Cependant, il faut que cette observation se fasse de manière respectueuse pour ne pas déranger ces espèces protégées, particulièrement pendant la ponte. Une mauvaise pratique pourrait nuire au succès de la reproduction. C'est pourquoi nos tours à Mohéli incluent des encadrements d'observation par des guides locaux formés. Ces guides s'assurent que les règles de respect sont scrupuleusement suivies et partagent leurs connaissances sur les tortues de Mohéli, leurs habitats et les problématiques environnementales associées.

Le Cycle de vie des tortues marines

Le cycle de vie des tortues marines est une incroyable odyssée qui se déroule sur plusieurs décennies et à travers de vastes distances océaniques. Il peut être divisé en plusieurs étapes clés :

Le Stade Œuf : Sous le Sable

Tout commence sur la plage. Les femelles matures, après de longues migrations, reviennent pondre sur les plages où elles sont nées. Elles creusent un nid profond dans le sable et y déposent une couvée (appelée "ponte" ou "clutch") d'environ 100 à 200 œufs pour la tortue verte, et 70 à 180 œufs pour la tortue imbriquée.

Une même femelle peut effectuer plusieurs pontes (2 à 4 pour la tortue imbriquée, plusieurs pour la tortue verte) au cours d'une saison, avec un intervalle de 15 à 20 jours entre chaque ponte pour la tortue imbriquée, et quelques jours seulement pour la tortue verte.

Après la ponte, elle recouvre soigneusement le nid et retourne à la mer. Il n'y a pas de soins parentaux.

L'incubation dure environ 2 mois pour les tortues marines en général, plus spécifiquement 47 à 75 jours pour la tortue imbriquée et environ 45 à 60 jours pour la tortue de Kemp (une autre espèce).

Le sexe des nouveau-nés est déterminé par la température du sable pendant l'incubation.

Le Stade Nouveau-Né : La Course vers l'Océan

Après l'éclosion, les petites tortues émergent généralement la nuit et se dirigent instinctivement vers la mer. C'est une course périlleuse où elles sont très vulnérables aux prédateurs. Ce stade ne dure que quelques jours après l'éclosion.

Le stade juvénile pélagique : Les "années perdues"

Après avoir atteint l'océan, les nouveau-nés entrent dans une phase de vie en haute mer (pélagique), souvent associée à des îlots de végétation ou des zones dépendant des courants. Cette période, parfois appelée les "années perdues" car difficile à étudier, est peu documentée en termes d'alimentation et de comportement.

Le stade juvénile benthique à adulte : Retour vers les côtes

Après plusieurs années en mer, les juvéniles se rapprochent des zones côtières (benthique/neritique) où ils s'installent dans des habitats d'alimentation spécifiques.

L'alimentation et l'habitat changent considérablement à ce stade. À Mohéli et dans la région, les lagons, herbiers marins, récifs coralliens et mangroves servent d'habitats de développement et d'alimentation pour les juvéniles et les adultes.

La maturité sexuelle est atteinte tardivement, autour de 20 à 25 ans pour les tortues imbriquées (l'âge exact peut varier), et potentiellement plus pour d'autres espèces.

Le stade adulte : migration et reproduction

Une fois matures, les tortues adultes entreprennent de longues migrations périodiques entre leurs zones d'alimentation et leurs sites de reproduction. Ces migrations peuvent couvrir des milliers de kilomètres. Des tortues vertes balisées à Itsamia (Mohéli) ont été suivies migrant vers la côte Est Africaine et le Sud de Madagascar.

L'accouplement a lieu près des plages de ponte. Les femelles reviennent alors sur leur plage de naissance pour pondre, complétant ainsi le cycle. Elles ne se reproduisent pas chaque année, mais généralement tous les 2 à 5 ans, selon l'espèce et les conditions.

Les tortues marines sont des espèces longévives.

Le Régime Alimentaire : Spécialistes ou Omnivores ?

Le régime alimentaire des tortues marines varie non seulement selon l'espèce mais aussi selon le stade de développement.

La Tortue Verte (Chelonia mydas) : L'Herbivore

Le nom de la tortue verte vient de la couleur verte de sa graisse, pas de sa carapace.

Au stade nouveau-né et juvénile pélagique, le régime est peu documenté mais tendrait à être omnivore à dominance carnivore, incluant invertébrés et œufs de poisson.

Lorsqu'elle revient à la côte (stade juvénile benthique à adulte), elle consomme d'abord un peu de tout (algues, phanérogames, éponges, coraux mous).

Au stade sub-adulte et adulte, la tortue verte adopte un régime alimentaire principalement herbivore qui persiste toute sa vie. Elle se nourrit surtout de phanérogames marines (herbiers marins) sur fonds sableux et d'algues rouges sur substrats rocheux ou récifaux. Dans l'océan Indien, cela inclut les genres Halophila, Thalassia, Halodule, Cymodocea, Syringodium.

Les tortues vertes adultes ne sont pas strictement herbivores et peuvent occasionnellement manger des cnidaires, des spongiaires ou des céphalopodes.

Leur pression d'herbivorie joue un rôle important dans la structure des communautés benthiques, aidant à maintenir la biodiversité des herbiers marins. Les herbiers sont présents dans le lagon de Mayotte et les lagons/mangroves des Îles Éparses, suggérant leur présence et importance comme habitat alimentaire autour de Mohéli également.

La Tortue Imbriquée (Eretmochelys imbricata) : La Gourmande de Récifs

Au stade nouveau-né et juvénile pélagique, son alimentation est également très peu documentée, une étude sur des juvéniles échoués suggérant un régime plutôt carnivore.

Au stade juvénile benthique à adulte, la tortue imbriquée est généralement décrite comme omnivore.

Dans les Caraïbes, elles semblent se spécialiser sur les éponges. Bien que peu de données spécifiques soient disponibles pour l'océan Indien, elles se nourrissent principalement sur les récifs, y compris les récifs frangeants, consommant des coraux mous et des éponges à La Réunion et sur les platiers et récifs dans les Îles Éparses.

Les récifs d'Europa, des Glorieuses et surtout de Juan de Nova (dans les Îles Éparses) offrent des habitats de développement exceptionnels aux tortues imbriquées immatures. La zone de résurgence dans la mangrove d'Europa est particulièrement riche en nourriture pour elles. Ces habitats (récifs, platiers) sont également présents autour de Mohéli.

La conservation au cœur de Mohéli : Le parc marin et l'implication communautaire

La protection des tortues marines à Mohéli est une priorité ancienne, renforcée par la création du Parc Marin de Mohéli en 2001. Ce parc, une première aire protégée aux Comores, couvre 404 km² d'océan, incluant des habitats essentiels comme les récifs coralliens, les herbiers et les mangroves, ainsi que les plages de ponte.

Le Parc Marin de Mohéli fonctionne sur un modèle de cogestion impliquant fortement les communautés locales des dix villages riverains. Des écogardes sont recrutés et formés localement pour assurer la surveillance et le suivi écologique. Des associations villageoises, souvent organisées en sections environnementales appelées "Ulanga", jouent un rôle clé dans la gestion et la sensibilisation. Le village d'Itsamia est souvent cité comme un exemple marquant de cet engagement communautaire en faveur de la protection des tortues.

Divers projets et partenariats appuient la conservation à Mohéli. Le projet RECOS, par exemple, soutient le site pilote du Parc National de Mohéli, participant à la restauration de mangroves et renforçant la protection des habitats et espèces sensibles comme les tortues et les dugongs. Des missions d'appui technique et scientifique, impliquant des experts de structures comme Kelonia, contribuent au suivi écologique, notamment des herbiers et des tortues marines. Des études par marquage, comptage des traces de pontes, étude des nids et études génétiques sont également menées.

Défis et impact de l'écotourisme

Malgré ces efforts, les tortues marines à Mohéli font face à des menaces significatives. Le braconnage reste un problème majeur, avec un risque élevé pour les femelles venant pondre. La viande de tortue est parfois commercialisée dans d'autres îles. La dégradation des habitats, due à l'extraction de sable sur les plages de ponte et au développement côtier, constitue une autre menace sérieuse.

C'est ici que l'écotourisme joue un rôle essentiel. En choisissant un opérateur responsable, votre visite contribue directement à l'économie locale et offre des alternatives aux activités nuisibles. L'écotourisme génère des revenus qui peuvent financer les efforts de conservation et les patrouilles anti-braconnage, et qui bénéficient aux communautés engagées dans la protection. L'activité de "Turtle watching" est reconnue pour son potentiel d'attractivité et sa qualité.

Votre visite à Mohéli : soutenir la conservation

Visiter Mohéli avec un guide local, c'est choisir une approche respectueuse de l'environnement et de la culture. C'est l'opportunité non seulement d'observer les tortues dans leur milieu naturel, mais aussi d'en apprendre davantage sur les efforts de conservation, le Parc Marin, et la vie des communautés locales.

En participant à nos tours encadrés, vous soutenez directement les initiatives de protection menées sur le terrain par les associations locales et les écogardes. Votre présence et votre engagement contribuent à faire de Mohéli un modèle de développement durable où la conservation de la biodiversité et le bien-être des populations locales vont de pair.

Préparez-vous à une aventure qui allie découverte de la nature, immersion culturelle et contribution positive à la préservation d'une espèce emblématique. Les tortues de Mohéli vous attendent pour partager un moment de vie sauvage rare et précieux.

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